Depuis cinq ans, l’Udaf 62 expérimente la médiation aidants-aidés. Aujourd’hui, trois médiatrices familiales sont formées pour résoudre les conflits liés à la relation de l’aidance. Entre usure et solitude, les aidants et les aidés peuvent compter sur la médiation pour tenter de renouer le dialogue, apaiser les tensions, trouver des solutions ou simplement se reconnaître dans cette place d’aidant-aidé.
Plus d’un Français sur six serait aidant familial, selon le baromètre des aidants 2019. Un chiffre qui pourrait doubler d’ici 2060 avec le vieillissement de la population qui, par ricochet, provoque l’accroissement de la dépendance. Un rôle souvent difficile à endosser et dans lequel on peut se sentir seul. De plus, être aidant d’un proche en situation de handicap, vieillissant ou gravement malade expose à des risques de conflits familiaux.
Pour soutenir les familles, l’Udaf 62 expérimente depuis cinq ans les médiations familiales dites intergénérationnelles. Inspirée de cette expérience, la médiation familiale aidants-aidés, portée par l’Unaf avec le soutien de la Cnsa et la Cnaf, se veut être une réponse aux conflits liés à la relation aidants aidés. À terme, cette expérimentation permettra de dégager les conditions de réussite d’un déploiement national pour l’ensemble des proches aidants. À ce jour, trois médiatrices familiales de l’Udaf 62 ont été spécifiquement formées à cette nouvelle forme de médiation. Entrée en établissement, obligation alimentaire, ou encore organisation de l’aide à domicile, les médiatrices familiales détaillent avec précision les situations qu’elles ont déjà rencontrées. Mais d’autres sujets peuvent également être abordés tels que la mise sous protection juridique, la reconnaissance du handicap, le relai…
52 % des aidants se sont retrouvés seuls durant le printemps confiné
En plus des objectifs communs avec les autres types de médiation : renouer le dialogue, apaiser les conflits, trouver des solutions ; les médiatrices familiales cherchent surtout à aider l’aidant et lui montrer qu’il n’est pas seul. « La médiation aidants-aidés mérite d’être davantage connue », martèle l’une d’entre elle, une nécessité pour répondre à l’usure des aidants. La crise ayant d’ailleurs aggravé leur situation : entre les établissements qui ont fermé leurs portes, les prestations à domicile non assurées ou l’impossibilité pour les proches d’apporter l’habituel coup de main, les aidants se sont retrouvés plus isolés que jamais. D’ailleurs, durant le printemps confiné dernier, 52 % des aidants disent avoir aidé seul le proche accompagné, contre 33 % le reste de l’année, selon une enquête menée par le Collectif inter-associatif des aidants familiaux (Ciaaf).
« Un aidant n’est pas un robot, il faut faire comprendre à la personne qu’avant d’être aidant, elle est enfant de… » plaide une des médiatrices familiales. Et que ce soit une personne vieillissante, malade ou souffrant d’un handicap, « c’est une charge de s’occuper de quelqu’un », ajoute-t-elle. Ainsi, qu’importe si c’est le cas d’enfants qui ne veulent pas payer pour l’entrée en structure pour leur mère ou une maman qui ne donne pas son traitement à son fils souffrant d’un handicap psychologique ; la médiatrice familiale prône la bienveillance. Elles savent désormais que derrière ces histoires, se cachent très souvent des personnes détruites par l’usure et la fatigue. De plus, même si il y a toujours une raison à la médiation, les médiatrices familiales assurent qu’il faut toujours creuser pour trouver le cœur du conflit. « Le moment du vieillissement, de la maladie, ou de l’entrée en structure ravive les mauvais souvenirs. Le couvercle saute et tous les conflits passés réapparaissent », résume l’une d’elle.
Démasquer parfois les maltraitances
Pour y parvenir, les médiatrices familiales prennent toujours le soin d’entendre toutes les parties, d’écouter leur détresse et leur laisse l’espace d’exprimer leur souffrance. Un climat de confiance entre tous est nécessaire pour que les langues se délient, et que les personnes se confient. Grâce à cette main tendue, et à cet espace de parole, les médiatrices familiales réussissent notamment à démasquer des situations de maltraitances, « comme cette vieille femme qui était séquestrée par son fils », raconte une des médiatrices.
Des situations souvent complexes qui nécessitent que les médiatrices familiales se préparent à toucher l’intime des personnes. « On s’implique personnellement, forcément, on entre dans leur intimé, chez eux ou dans leur structure », explique-t-elle. Cependant, cette libération de la parole est fondamentale afin de résoudre ces conflits et accompagner autant les aidants que les aidés. D’autant plus que la moitié des aidants le sont en parallèle de leur travail. Un aidant sur quatre déclare même consacrer plus de 20 heures à aider un proche. Tous ces chiffres traduisent la lourde implication de l’aidant familial au quotidien, et donc le risque de conflits.
Pour plus d’informations, vous pouvez contacter le secrétariat du service médiation familiale de l’Udaf 62 par téléphone au 03 21 71 21 55 ou par mail à mediationfamiliale@wanadoo.fr, l’entretien d’information est gratuit puis le tarif sera réglementé et évalué selon les revenus.
Chloé Rabs
Etudiante à l’Institut pratique du journalisme, Paris