On estime que chaque décès entraine le deuil de quatre à six personnes (Données INSEE, décès et taux de mortalité 2018). Ces personnes décrivent un sentiment d’incompréhension, de solitude et de vulnérabilité. L’évolution des mœurs et des coutumes comme la perte de la représentation symbolique de la mort, la diminution des rites et l’importance de la religion peut en partie expliquer ces sentiments. Ces évolutions peuvent également alimenter le rapport anxiogène des personnes face à la mort. Le deuil isole et a un impact durable sur la santé. Le deuil et les personnes endeuillées nécessitent une prise en compte par la société. L’étude Crédoc/CSNAF/Empreintes “Les Français face au deuil 2019” met en évidence une hausse de la prise en charge du deuil par les médecins et psychologues sans obtention d’une satisfaction optimale. Vous pouvez retrouver les résultats complets en cliquant sur lien suivant :
Si je vous dis « deuil », quels sont les cinq premier mots qui vous viennent spontanément à l’esprit ?
Base : 3377 adultes (18 ans et plus)
Cette étude montre que « le deuil est avant tout associé à un état de tristesse, puis l’enterrement et la mort notamment pour ceux qui n’ont pas vécu de deuil. Le deuil est associé à la dépression chez les plus jeunes et les femmes ; Les plus âgés et les hommes associent le deuil à des difficultés administratives. La première année est celle qui met en difficulté un plus grand nombre d’endeuillés… mais la faiblesse physique et/ou psychologique peut durer de nombreuses années après le décès. 59% des endeuillés ont subi une altération de leur santé et de leur condition physique. 51% ont ressenti un épuisement physique dont 20 % pendant plus d’un an. 51 % des endeuillés ont rencontré des difficultés psychologiques, dont 26 % pendant plus d’un an. Il y a une hausse de la demande de prise en charge par un médecin ou un psychologue en trois ans (23 % un médecin ; 16 % un psychologue/psychiatre). Chez ceux qui étaient actifs, 43 % se sont absentés du travail en raison du décès qui les a affectés. Après le soutien de la famille et de l’environnement professionnel, vient celui des pompes funèbres. Des attitudes non-aidantes rencontrées par plus de la moitié de la population, la principale étant l’utilisation des clichés pour diminuer la souffrance (43 %). Près de la moitié des Français ne savent pas si un collègue a été affecté par un deuil, si c’est le cas ils le soutiennent ».
Le député Bernard Jomier a présidé les assises du deuil en avril 2019, organisé par l’association Empreintes au Palais du Luxembourg à Paris. Cette journée a été placée sous le haut patronage des ministères des Solidarités et de la Santé, de l’Éducation Nationale et de la Justice.
Source : CREDAOC-Empreints-CSNAF – Les français face au deuil 2019.
« Ces assises du deuil visent à alerter, mobiliser, agir et in fine développer et encadrer l’accompagnement du deuil au sein des établissements, des entreprises, des organismes publics ou privés ».
« On ne fait jamais son deuil, on apprivoise sa peine. L’accompagnement du deuil vise à ce que cet événement de vie que nous n’avons pas choisi soit transcendé, en honorant par exemple le proche perdu à travers les actes que nous allons poser en son nom »
« Une réflexion collective est en effet nécessaire sur la question du deuil, qui traverse de nombreuses dimensions de notre société. Je crois que le deuil est encore plus tabou que la mort, alors que les débats se multiplient sur la fin de vie. Aborder cette question plus refoulée est encore plus important, car le deuil a des conséquences personnelles et intimes, mais également sociétales. Les Français expriment non seulement que le deuil renvoie à la mort, mais évoquent aussi des émotions. Cette question du deuil est ainsi porteuse de l’humanité de notre société. Elle se travaille évidemment dans la loi, mais également dans les liens et les valeurs de notre société. Alors que notre société aime le divertissement et la vitesse, le deuil prend du temps. Le deuil a des conséquences à l’école, au travail et sur la santé psychique et physique des individus. En tant que médecin, je me souviens il y a quelques années d’une femme qui avait développé un diabète au décès de son fils, alors qu’elle n’avait aucune prédisposition. Si vous connaissez ces conséquences, beaucoup de nos concitoyens les ignorent, également parce que le travail d’objectivation des données reste à mener ».
L’association Empreintes met en avant 10 propositions pour un plan d’action national, vers un meilleur soutien aux personnes en deuil.
Développer l'accompagnement et la prévention
1. Offre systématique d‘information et de soutien aux proches dans les deux jours suivant l’annonce du décès.
2. Consultation médica le systématiq ue trois à six mois après le décès.
3. Elaboration d‘un cadre déontologique : charte des bonnes pratiques. référentiel de formation, label de certification des structures d‘accompagnement, comité d‘éthique.
4. Conception d‘une politique de financements publics et privés de l‘accompagnement.
Développer les connaissances
5. Création d‘un observatoi re de recherche sur le deuil et sur son impact sanitaire et social. Evaluation économique du coût du deuil et du bénéfice d‘un accompagnement.
Développer l'information
8. Élaboration d‘un rapport annuel sur le deuil.
9. Lancement d‘une campagne annuelle d‘information.
10. Instauration d‘une « Journée nationale du deuil » labellisée.
Développer les compétences
6. Création d‘une personne ressou rce « référent deuil » dans chaque organisme (petite enfance, établissements scolaires, hôpitaux, entreprises, dépendance).
7. Création d‘un métier de « chargé de prévention des risques liés au deuil ».
Pour plus d’informations :